C’était il y a un siècle, en France au cœur de la grande guerre. 20 000 soldats russes combattaient aux côtés des soldats français sur le front en Champagne et après l’hécatombe du Chemin des Dames en avril 1917, ils se révoltèrent. Eloignés du front et encasernés au camp de la Courtine en Creuse fin juin de la même année, 10 000 d’entre eux s’y mutinèrent, exigeant de rentrer en Russie où la révolution avait éclatée chassant le tsar Nicolas II.
Pendant 3 mois, tout en exigeant leur retour immédiat dans leur pays, ces 10 000 soldats mutins organisèrent avec leur soviet la vie au camp de La Courtine, fraternisèrent avec la population, aidant aussi aux travaux dans les fermes environnantes.
Par leur geste, la révolution russe de février résonnait à l’ouest. Mais le gouvernement provisoire Russe et le gouvernement français n’eurent de cesse d’exiger qu’ils se rendent sans condition.
Encerclés par 5 000 soldats russes dits « loyalistes » et 5000 soldats français, après avoir subi trois jours de tirs d’artillerie et à l’issue de combats acharnés, les mutins se rendirent le 19 septembre au matin.
Les survivants furent mis sous bonne garde provisoirement au camp de La Courtine et au camp du Courneau en Gironde, puis enrôlés pour nombre d’entre eux dans des compagnies de travailleurs principalement dans l’est de la France.
Tour à tour, héros, mutins, proscrits, 5 000 de ces soldats, qualifiés d’« irréductibles », vont connaitre l’emprisonnement sur l’Île d’Aix, les compagnies disciplinaires ou le bagne en Algérie.
S’ils accueillent avec ferveur la révolution d’octobre, le gouvernement de Lénine n’obtient leur retour en Russie soviétique qu’en 1919 et 1920.